Après un premier article traitant principalement de notre découverte de la côte Ouest de l’île de Taïwan, voici à présent un aperçu de notre remontée vers le nord le long de la côte Est. Pour rappel, Taïwan est une haute montagne au milieu de l’océan et très rares sont les routes rejoignant les côtes Est et Ouest. Ces deux dernières sont très différentes : à l’Ouest une plaine d’une petite cinquantaine de km de large a permis une urbanisation intense tandis qu’à l’Est la montagne a littéralement les pieds dans la mer et ne laisse que peu de place aux hommes pour s’y installer. De ce côté de l’île l’aspect naturel prend le pas sur les constructions humaines.
Après deux journées de repos dans un hôtel pas loin de la plage de Kenting, notre itinéraire nous emmène autour de la péninsule formant l’extrême Sud du pays pour une étape qui sera une des plus belles sur l’île de beauté. La région que nous découvrons est très différente de celles traversées précédemment, les plages font place aux falaises et la forêt ‘tropicale’ est remplacée par une végétation beaucoup plus basse probablement plus adaptée aux forts vents qui y semblent omniprésents.
Très rapidement les paysages changent à nouveau et nous retrouvons un décor plus tropical. Après le passage d’un petit col à l’intérieur des terres nous redescendons sur la côte et bivouacons sur la plage.
Nous renouons ici avec le camping dit sauvage que nous préférons qualifier de ‘bivouac’ et toléré par les autorités pour autant de ne pas s’installer sur une propriété privée bien entendu. Rien d’illégal donc dans notre cas, le terme ‘sauvage’ se rapportant plus à l’absence d’infrastructure.
A Taïwan il n’est par exemple pas étrange de s’adresser à la police locale afin de se faire renseigner un endroit sûr où planter la tente pour la nuit. Ainsi ayant tenté l’expérience à plusieurs reprises nous nous sommes vus dirigés avec le sourire une fois vers un terrain de camping gratuit, une fois vers le jardin d’une école et une autre fois vers un centre communautaire. Par deux fois nous avons même été escortés par la voiture de police jusqu’à l’endroit du bivouac. Il est également possible pour les cyclistes d’entrer au bureau de police afin d’y remplir ses bidons où regonfler ses pneus, et à chaque fois avec le sourire svp !
Pour la petite histoire, alors qu’un soir nous avions pensé avoir trouvé l’endroit idéal de bivouac, c-à-d invisible et éloigné de toute habitation, tout au bout d’un petit chemin sans issue entre 2 vergers de bananiers, nous nous sommes faits tirer de nos matelas pneumatiques sans animosité mais tout de même peu avant 5h30 du matin par le fermier venant débroussailler l’endroit où nous nous trouvions.
Pour faire une parenthèse et rassurer nos proches peut-être inquiets de nous voir ainsi passer une partie de nos nuits sur des plages et autres lieux publics, nous devons signaler qu’il n’y a aucun problème de sécurité à Taïwan. Jamais nous n’avons remarqué le moindre comportement violent dans le chef des taïwanais. Que ce soit dans la rue, au volant ou encore dans leur façon de communiquer ils sont vraiment la population la plus « cool » que nous avons eu l’occasion de rencontrer jusqu’à présent dans notre voyage. Ils sont bienveillants envers nous mais toujours discrets et gentils. Pour illustrer par un exemple cette absence d’insécurité nous avons vu des campeurs laisser toute la journée leur tente ainsi que le matériel de camping sans surveillance pas loin du bord de la route. Chez nous on ne le ferait pas !
Pour en revenir aux possibilités de logement, il existe de nombreux campings officiels à Taïwan mais leur concept est assez différente de celui que nous connaissons. En effet les Taïwanais y viennent généralement en groupe pour passer un bon moment ensemble autour d’un thème d’activité. Ainsi beaucoup de campings sont gérés par des fermes, des parcs éducatifs ou de loisirs. La valeur ajoutée pour nous par rapport au bivouac est l’accès à la douche (du reste pas toujours chaude ni agréable…) ainsi que la possibilité d’y rester plusieurs jours, le bivouac nous imposant un démontage de la tente dès le petit matin. Autrement dit nous n’avons fréquenté ces terrains de camping qu’à de rares occasions d’autant plus qu’il est parfois possible dans les grandes villes et en dehors des week-ends de trouver des chambres d’hôtel très correctes à des prix à peine plus élevés (entre 15 et 25 €). Malheureusement ces hôtels bon marché que nous pouvons dégoter, pour autant qu’ils soient visibles sur les plateformes de réservation en ligne, ne sont pas légion, les autres offres le sont à des tarifs inaccessibles pour notre budget de voyageurs au long cours. Pour compléter le chapitre logement signalons aussi les quelques amis warmshowers nous ayant hébergés.
Après une dernière brève incursion dans la montagne nous retrouvons la côte et des routes plus plates. Quoique…
Encore une fois nous sommes impressionnés par la capacité des Taïwanais à construire des routes. Ici sur la côte est, l’ancienne voie à deux bandes où la circulation ne nous a pourtant pas paru extrême est remplacée progressivement par une 4 bandes évitant les petites villes. Cela au prix d’une quantité de béton extraordinaire, de kilomètres de viaducs surplombant les obstacles naturels en des lieux où rappelons-le la montagne plonge dans la mer. Chez nous en Belgique la réfection de quelques ponts d’autoroute semble être problématique et mettre en péril les finances de l’état. A méditer…
Au nord de Hualien nous prenons le train pour éviter un tronçon de route réputé plus dangereux. Nous ne serons pas les seuls… Contrairement à chez nous, prendre le train avec son vélo n’est pas un gros souci.
Le tour de l’ile de Taïwan est d’ailleurs assez populaire auprès des Taïwanais. Tous ne sont pas des cyclos aguerris si on peut en juger par leurs allures, leur incontournable vélo de location Giant qui est la marque prédominante dans l’île ainsi que par leurs façons de se vêtir et de se chausser pas toujours appropriées selon nos critères à la pratique du vélo sur plusieurs jours. Les gens ici ont en effet une crainte absolue à avoir leur peau exposée au soleil et se couvrent jusqu’au dernier cm2, visage y compris, alors qu’il fait 35 degrés et qu’ils sont en plein effort…
Le dimanche matin par contre, comme chez nous, ce sont les cyclos plus sportifs qui sont de sortie.
Tout au long de ces 5 semaines nous n’aurons conformément à nos habitudes pas fait beaucoup de « tourisme ». Nous faisons cependant une exception à la règle pour Jiufen catalogué comme incontournable par tous les guides. Ce petit village accroché au flanc de la montagne est devenu célèbre depuis que le maître japonais Miyazaki s’en soit inspiré pour les décors de son dessin animé « le voyage de Chihiro ».
Pour notre part nous n’avons pas reconnu grand chose mais il faudrait peut-être que nous revisionnions le film. D’autre part on ne voit rien non plus car les ruelles sont bondées de touristes et les célèbres façades de style sino-japonais cachées par les devantures de magasins et échoppes diverses collées les unes aux autres. De plus avec nos tongs et vêtements Quechua pas chers légers et qui sèchent rapidement nous n’avons vraiment pas le look du touriste classique et nous nous sentons un peu perdus dans cette foule éclectique.
Vous l’aurez compris, Jiufen n’est pas l’endroit qui nous aura le plus impressionné pendant notre voyage… Nous retiendrons cependant la montée vers le village, très spectaculaire mais aussi très laborieuse avec nos vélos chargés ainsi qu’un superbe temple richement décoré que nous découvrons par hasard dans la descente. Nos efforts pour arriver ici n’auront donc pas été vains !
Nous aurions pu craindre l’entrée et la traversée de la capitale Taipei en vélo afin de nous rendre chez nos amis Warshowers Tsai et Ann. La ville qui est la plus grande du pays est tentaculaire et regroupe plusieurs millions d’habitants.
Au final nous découvrons une ville très en avance sur les nôtres en ce qui concerne la mobilité. Nous effectuons la quasi totalité de nos 20 km en agglomération sur des pistes entièrement protégées traversant des zones vertes, tantôt le long de rivières, tantôt suspendues au-dessus d’une mangrove. Les moyens mis en oeuvre sont impressionnants ! Et nous ne verrons qu’une petite partie de ce réseau cyclable quadrillant la ville.
Nous ne pouvons clôturer cet article sans aborder le chapitre alimentaire. Par rapport à l’Asie du sud-est nous sommes aux anges. La nourriture ici est variée, savoureuse et très bon marché à un point tel que les Taïwanais ne cuisinent que très peu et mangent soit au restaurant soit des plats à emporter. Et sans quelques fois certains problèmes de compréhension au moment de la commande, nous aurions pu profiter encore plus de cette grande variété de saveurs…
On peut se procurer facilement de la nourriture préparée, que ce soit au restaurant, sur les marchés, dans des échoppes sur les trottoirs mais aussi dans les innombrables magasins d’appoint style 7/11 surnommés « magasins-restaurants » par Angèle qui en a fait ses restos favoris. En plus d’être de simples magasins, on y trouve des sanitaires publics, des tables et des chaises où l’on peut s’installer pour boire un café, une bière, prendre un repas acheté et réchauffé sur place ou simplement pour se reposer en profitant de l’air conditionné du magasin…
En définitive, ce séjour inattendu d’un mois à Taïwan s’est transformé en véritable coup de coeur. Nous nous sommes sentis totalement dépaysés dans ce pays où une population discrète mais gentille au possible est parvenue malgré une densité de population conséquente à construire un pays moderne où il fait bon vivre.
Merci à tous ceux dont parfois nous ne connaissons même pas les noms de nous avoir si bien accueillis et aidés tout au long de ces 5 semaines fantastiques que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Ah bon 12 km pour Chimay (euh chimei), y’a de la trappiste ?
Continuez de nous faire rêver, bonne route et amitiés,
Mimi et Daniel
Bonjour Fred et Muriel,
Cela semble donc être un pays « pro-vélo », en plus du caractère sympa des gens.
Bonne fin de tour du monde.
Jean-Pierre Jacobs
Merci encore et encore pour ces magnifiques photos .Angèle est radieuse !!!
Profitez bien de ces dernières semaines de dépaysement total.
Au plaisir de lire prochainement….Je vous embrasse.
Marie-France
ne pas abuser
De la Chimay ?
Et voilà encore un super reportage et photos magnifiques qui me donnent envie de visiter un pays en plus et la mine réjouie d’Angèle ne fait que le confirmer . Bisous à vous 3
Comme d’habitude un magnifique reportage.
Merci de l’invitation pr votre retour.
Bon retour à vous Muriel. J’ai suivi ton voyage il a été passionant. A bientôt chez P&G.